Skip to main content

Ça fait longtemps que je veux écrire sur ce sujet. En fait, l’idée me vient à toutes les fois qu’un ancien bagarreur tombe soudainement au combat. Stephen Peat ne s’est pas suicidé et n’a pas fait d’overdose comme plusieurs autres. Sa vie après sa carrière d’homme fort dans la LNH est quand même une suite d’événements tragiques. Il a eu des problèmes de santé mentale, des ennuis avec la justice et il était sans domicile fixe lorsqu’il s’est fait frapper par un véhicule en traversant la rue à 4 heures du matin. Comment se fait-il que ce soient toujours des anciens durs-à-cuire qui terminent leur vie dans des circonstances aussi dramatiques?

Les gens qui travaillent dans le domaine du développement personnel qui m’inspirent sont ceux qui parlent de leur vie et non celle des autres. Ce sont ceux qui ne craignent pas de se montrer vulnérables pour aider et inspirer. C’est ce que je vais faire dans ce blogue.

Mon histoire

Je suis également un ancien bagarreur et c’est pourquoi ça me touche autant. À mon époque, on se tappait sur le gueule pour complètement détruire notre adversaire. Il n’y avait aucune pitié! Par contre, on se vouait un grand respect et on savait tous à quel point notre rôle était difficile à supporter. Ok, je vais parler pour moi. C’est un rôle qui était difficile à supporter et j’en suis même venu à le détester.

Au début, c’était vraiment le fun… Quand je suis arrivé dans la LHJMQ, je voulais à tout prix faire ma place et j’avais toujours été un joueur physique dans le hockey mineur. Mes modèles dans la LNH ce n’était pas Wayne Gretzky ou Pierre Turgeon… C’était plutôt Cam Neely, Wendell Clark et Rick Tocchet. J’aimais le jeu robuste et je dois admettre que j’ai beaucoup apprécié la reconnaissance qui venait avec ce rôle. À l’époque où je jouais, les « toughs » étaient souvent plus populaires que les meilleurs compteurs de l’équipe.

Cette reconnaissance m’a amené à avoir un égo aussi gros que les amphithéâtres dans lesquels je jouais et j’ai commencé à porter un masque… Le masque de l’homme invincible qui n’avait rien à son épreuve. Comme plusieurs « toughs », j’étais en réalité un bon gars prêt à tout faire pour défendre mes coéquipiers. J’aurais tout fait pour eux et je peux vous assurer que la grande majorité de mes coéquipiers le savaient et l’appréciaient. Par contre, il y avait un énorme prix à payer pour remplir ce rôle. Le stress avant un gros combat, l’anxiété ressenti la veille ou même plusieurs jours avant de jouer contre un des plus « toughs de la ligue, le sentiment d’impuissance et de dévalorisation quand je me sentais prisonnier de mon rôle et que j’avais l’impression que je servais juste à me battre sont tous des facteurs qui m’ont amené à détester ce rôle et à vouloir engourdir ce mal-être.

Quand j’ai arrêté de jouer professionnel et que je suis revenu au Québec pour jouer au hockey senior, j’étais complètement perdu. Je n’avais pas fait mon deuil de jouer professionnel et j’ai voulu m’évader. J’ai commencé à consommer alcool et drogues de façon excessive pour que ça devienne finalement un immense problème dans ma vie. S’évader pour éviter de vivre de la douleur. Pour avoir le courage d’affronter le prochain mastodonte à se présenter devant moi. Nous sommes plusieurs « toughs » à avoir emprunter ce chemin. Je fais partie de ceux qui ont pu s’en sortir et il y en a d’autres qui n’ont pas eu cette chance.

Mes dernières années

De 2021 jusqu’au début de 2024, j’ai vécu beaucoup d’épreuves. Des événements que je pourrais même qualifier de traumatismes. Douleurs insoutenables à la hanche droite en 2021 et remplacement de la hanche en mai de la même année, séparation avec la mère de mon fils en janvier 2022, j’ai commencé à avoir mal à la hanche gauche en septembre 2022, décès de ma mère en octobre 2023, remplacement de la hanche gauche en mars 2024. Une longue suite d’événements qui m’ont amené dans un état de stress chronique et c’est lors du décès de ma mère que j’ai frappé solidement le mur! Je ne comprenais pas ce qui se passait avec moi en octobre 2023. Comment un coach de vie avec plein d’outils dans son sac peut être autant en détresse?

J’ai fait preuve d’humilité et j’ai été chercher de l’aide. J’ai suivi une formation sur la régulation du système nerveux, j’ai suivi un programme de François Lemay qui s’appelle « Reset » (quel nom parfait pour ma situation!) et j’ai aussi fait appel à deux coachs exceptionnels qui m’ont beaucoup aidé au niveau de la gestion du stress et des traumas. J’ai appris des techniques pour réguler mon stress comme faire de la méditation, effectuer des exercices de respiration et aller au spa. J’ai appris qu’il était aussi important que je donne un « break » à mon mental que de toujours y aller à fond pour performer. J’ai appris qu’il était essentiel d’identifier si les efforts que je fais pour atteindre un objectif sont « avec le courant » ou « contre le courant » … Trop de tâches à effectuer « contre le courant » occasionnent beaucoup de stress et peuvent amener jusqu’à l’épuisement.

D’octobre 2023 à juin 2024, je n’ai presque rien fait avec ma « business ». J’ai travaillé avec les clients que j’avais déjà et je n’ai fait aucun effort pour en avoir plus. En plus d’être coach mental, je suis également pompier et je suis en maladie depuis décembre 2023 initialement parce que j’étais en attente de mon opération et maintenant suite à ma réhabilitation. J’ai pris le temps de faire un « Reset » complet et je ne me suis jamais senti aussi bien. J’ai pris le temps de me régénérer pour revenir plus fort. En une courte phrase, je me suis choisi.

La raison pourquoi j’ai écrit ce blogue

La raison initiale pourquoi j’ai écrit ce blogue c’est pour rendre hommage à tous mes confrères qui sont partis beaucoup trop tôt. Je voulais aussi l’écrire pour toi qui se reconnaît dans les comportements d’un « tough » qui ne demanderait jamais de l’aide parce que ça pourrait être perçu comme un signe de faiblesse… Est-ce que tu sais ce qu’est un signe de faiblesse? C’est de ne pas t’aimer assez pour lever le « flag », mettre un genou à terre et aller chercher de l’aide d’un professionnel! Même si j’avais plein d’outils, voir quelqu’un et suivre des formations m’a fait prendre du recul et m’a fait voir une autre perspective. Ce qui est impossible quand on a le visage foutu dans la merde.

J’ai passé à travers une période de grande noirceur mais j’ai maintenant la certitude qu’il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Ça peut prendre du temps avant de la voir mais elle finit toujours par apparaître… Je savais que j’en valais la peine. Et toi aussi tu en vaux la peine…

« Our greatest glory is not in never falling , but in rising every time we fall. »

Confucius

To all my brothers. May you rest in peace. You will never be forgotten.

Todd Ewen                                                                               Quinten Van Horlick

Andre Payette                                                                          Chris Simon                                                               

Derek Boogaard                                                                       Stephen Peat

John Hewitt Jr.                                                                          Ryan Pisiak

Rick Rypien                                                                              Jim Bermingham

Garett Burnett                                                                           Brandon Christian

Maxime Harnois                                                                       Todd Gillingham